lundi, 26 juin 2006
Le Pré Vert
J'ai envie de vous parler aujourd'hui, (pourquoi aujourd'hui?) d'un poète qui m'a toujours fait rêver. A la maternelle, en grande section s'il-vous-plait, j'ai appris (et ma maman m'aidait à le retenir tout en me faisant ma toilette) "Pour faire le portrait d'un oiseau". En primaire je l'ai réappris, et cette fois, je l'ai écrit, en indiquant les liaisons, sur mon beau cahier de récitations dont j'étais si fière. Et sur la page prévue à cet effet, j'ai dessiné une cage et un oiseau qui s'en envolait. Au collège mon prof de cinquième a préféré le cancre. Sûrement pour qu'on puisse se projeter un peu. Mais quand j'ai retrouvé l'oiseau au lycée et que j'ai lu Paroles en entier, que j'ai écouté mon prof de première m'en parler, que j'ai de moi-même décidé que mon préféré c'était le terrible "bruit de l'oeuf dur sur le comptoir d'étain". J'ai compris que Prévert faisait partie de ma famille, comme Desnos, Verlaine, Hugo, tous ces poètes qui m'accompagnaient depuis l'enfance.
Voici le poème que j'ai choisi aujourd'hui, lisez-le en vous demandant ce que vous auriez compris à 5 ans, à 9 ans, puis à 13 ans et enfin à 17 ans. Et à ........ ans, votre âge actuel, n'y trouvez-vous pas encore autre chose ?
LE CHAT ET L’OISEAU
Un village écoute désolé
Le chant d’un oiseau blessé
C’est le seul oiseau du village
Et c’est le seul chat du village
Qui l’a à moitié dévoré
Et l’oiseau cesse de chanter
Le chat cesse de ronronner
Et de se lécher le museau
Et le village fait à l’oiseau
De merveilleuses funérailles
Et le chat qui est invité
Marche derrière le petit cercueil de paille
Où l’oiseau mort est allongé
Porté par une petite fille
Qui n’arrête pas de pleurer
Si j’avais su que cela te fasse tant de peine
Lui dit le chat
Je l’aurais mangé tout entier
Et puis je t’aurais raconté
Que je l’avais vu s’envoler
S’envoler jusqu’au bout du monde
Là-bas où c’est tellement loin
Que jamais on n’en revient
Tu aurais eu moins de chagrin
Simplement de la tristesse et des regrets
Il ne faut jamais faire les choses à moitié
20:00 Publié dans flâneries | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : Enseignement, de tout et de rien, humeur