samedi, 16 décembre 2006
Produits estampillés 2006
Une réunion de parents ça commence à 16 h, et si on a de la chance, et une seule classe de seconde, on arrive à s'échapper vers 20 h 30. Je crois bien que certains collègues ont dû faire "nocturne" jusqu'à 22 h.
Une élève qui plafonne à 7 de moyenne toutes moyennes confondues, me dit :"Ah mais là, je vais me mettre au travail ! D'ailleurs hier, j'ai bossé de 21 à 23 h 30." Le père : "Oui, mais c'est parce que je t'avais privé d'Emècène ! Oui, parce que E. elle est sans arrêt sur Emècène, et comme sa mère et moi on rentre qu'à 20 h... Et puis même le soir, elle veut pas arrêter, c'est tout juste si elle vient manger. Même quand elle fait ses devoirs, elle a son livre sur les genoux, mais elle est sur Emècène." Moi :" Mais enfin, tu ne peux pas commencer par faire tes devoirs, rien qu'une heure par jour, et seulement après, allumer l'ordinateur ???" E. : "Ah, ben non, parce qu'avant y'a des séries à la télé." Moi : "Eh bien ne regarde pas les séries !" E. : " Ah, ben non, je peux pas, moi j'aime les séries." Moi : "..." E. : "Mais là, j'ai décidé, je vais travailler deux heures par jour !" Moi : "Donc tu vas arrêter la télé et Emècène !" E. : "Non."
Sur ce, son portable a dû vibrer dans sa poche. Elle l'a sorti. J'ai râlé. Pas son père. Et elle n'a vraiment pas compris pourquoi je ne trouvais pas ça normal.
Par ailleurs, un garçon qui bosse comme un malade sans résultat, et dont la maman n'arrivait pas à ne pas répondre à mes questions à sa place, bien qu'à chaque fois il râlât et se tapât bruyamment la main sur la cuisse en signe d'énervement, ne prend pas moins de six heures trente de cours particulier par semaine ! J'ai essayé d'expliquer qu'il vaudrait mieux qu'il prenne ce temps pour réfléchir, même seul, sur les leçons et exercices qu'on lui donne... mais c'est dur de jouer les rabat-joie, quand des parents dépensent tout leur fric pour faire vivre AKA-DO-MI-AH !
Un élève moyen assez sérieux à qui j'ai dit : "Question travail c'est satisfaisant, tu es sérieux et actif en classe, mais il faudrait seulement que tu arrives à accepter les remarques sans te bloquer et faire la tête. Ca te prend de l'énergie et du temps." Lui, rouge d'offuscation : "Là, je ne suis pas d'accord avec vous, j'accepte très bien les remarques". J'ai cru que j'allais éclater de rire. Je ne l'ai pas fait.
Il y en a eu 20 autres, mais j'ai pitié de vous.
15:50 Publié dans educnatralbol | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : parents, éducation
Commentaires
22 sont venus ? C'est pas mal, non ?
Écrit par : Max | samedi, 16 décembre 2006
Écrit par : Ed | samedi, 16 décembre 2006
Écrit par : Ed | samedi, 16 décembre 2006
Puis au collège (et les autres aussi d'ailleurs), ils écrivent n'importe comment et après, ils font les mêmes erreurs sur les copies.
Écrit par : Max | samedi, 16 décembre 2006
Écrit par : Max | samedi, 16 décembre 2006
Écrit par : Geooorges | samedi, 16 décembre 2006
Écrit par : zaboutek | samedi, 16 décembre 2006
Écrit par : Max | samedi, 16 décembre 2006
A ce que je vois, la foire aux parents, c'est un peu partout pareil ... Sauf que apparemment les parents de grands du lycée, ça raconte moins sa vie . En général, je sors vidée de ce genre de matinée - ben oui chez nous on ne travaille pas le samedi matin, alors on y met la foire aux parents! - et déprimée ... La dernière fois sur 26 parents vus, j'ai du en orienter environ 15 vers l'AS tant leurs imboglios familiaux me dépassent !
Écrit par : so | samedi, 16 décembre 2006
@so : je travaille dans un lycée où les imbroglios familiaux existent, mais à cet âge les enfants les gèrent souvent eux-mêmes avec l'assistante sociale, la COP, le planning familial, l'infirmière... (ces parents là ne viennent pas). Mais il y a une majorité de parents soit-disant "favorisés", en tous cas de classe moyenne. Le constat est d'autant plus consternant, que les gens cités ci-dessus n'ont pas l'excuse de circonstances économiques ou familiales désastreuses !
Écrit par : Ed | samedi, 16 décembre 2006
Écrit par : zaboutek | dimanche, 17 décembre 2006
On ne sait plus que faire pour voir les parents
Écrit par : newsfromnowhere | dimanche, 17 décembre 2006
Les parents : indolents, dépassés,
les moutards : décérébrés !
Écrit par : Pascale | dimanche, 17 décembre 2006
@Pascale : Oui, en cette période où la pression sur notre métier est de plus en plus forte, où l'on va nous obliger à enseigner plusieurs matières en étant formés dans une seule, à avoir de plus en plus de groupes classes avec de moins en moins d'heure par classe, et à être moins payés (suppression des heures de première chaire, impossibilité d'être prof principal quand on n'a pas toute la classe en langue vivante, etc), on aimerait que la société toute entière se reprenne en main et pas seulement l'éducation nationale. A la base je pense que des individus aimeraient "enseigner autrement", mais les conditions ne sont vraiment pas réunies pour qu'on puisse le faire !
Écrit par : Ed | dimanche, 17 décembre 2006
"Vous regardez ça, vous ?
— Ben, oui, sinon demain on passe pour des cons au collège, me répond Benjamin.
— De quoi veux-tu qu'on cause demain au lycée ? Me demande Aîné.
Voilà, voili, si on veut faire partie du clan,
il faut être au courant !
2 • Les parents, ça me semble plus complexe que cela …
Les enfants de famille défavorisée ne voient pas forcément l'intérêt de mettre les bouchées doubles, si c'est pour en arriver là.
D'un autre côté, il y a les parents super bosseurs. Je pense que ça peut affoler des ados de voir que devenir adultes, ce sera ça. Benjamin me fait souvent la remarque : "En tout cas je ne serai ni instit, ni marin ! quand je vois comment tu travailles ou ton ami Pêcheur." S'il vient me rejoindre à l'école, il ne supporte pas les parents qui arrivent, sans prendre rendez-vous, et qui monopolise sa Mère.
Jeune adulte, j'ai assisté au licenciement sans état d'âme de ma mère qui avait pourtant sacrifié sa vie de famille pour assurer financièrement mon éducation. Un exemple de Noël : Nous déballions nos cadeaux avec mes cousines, lorsque l'on sonna à l'entrée. C'était le patron de ma mère : les bureaux avaient été cambriolés, il fallait tout remettre en état pour accueillir les clients dès le 26. Nous passâmes donc notre matinée de Noël à aider les adultes à tout ranger, rammasser toutes les chemises et les feuilles … Bilan, le patron nous donna à chacune 5 francs (de sa poche)
3 • Ah ! Cadeau mia !
Tout comme la solidarité passe par un don déductible des impôts et non par rendre service à son voisin, le suivi de la scolarité passe par une entreprise que permettra une déduction fiscale … et non l'option "être disponible". Ça ne leur offrira aucun avantage et développera le sentiment de ne pas avoir de temps pour eux ! Qui plus est, confier la mission à d'autres permet de ne pas avoir à se remettre en cause ! Donc aucune culpabilité en cas d'échec !
Tout comme "pas de devoirs écrits" le soir … permet de faire porter aux enseignants tout le poids de l'instruction !
Écrit par : Sar@h | dimanche, 17 décembre 2006
Le garçon sérieux qui travaille en classe, autrement dit, le rêve, pourquoi était-ce nécessaire de lui faire un critique ?
Est-ce que c'est obligatoire en France qu'on reprenne au moins quelque chose à l'élève ?
Écrit par : joye | dimanche, 17 décembre 2006
Il faut le croire … Il y a quelques années, j'avais un élève équilibré dont les résultats étaient honorables, mais qui était angoissé par la peur de ne pas réussir. Sur le dernier bilan de l'année, je note :
Appréciation : Excellent
Conseil : Continue sur cette voie.
Quand il a lu cela, l'inspecteur m'a dit : "il avait sûrement quelque chose à améliorer ! On ne peut se contenter de ce genre d'appréciations."
Heureusement que le collègue qui l'avait eu l'année précédente m'a soutenue … quand je lui ai raconté : "Sar@h, il bosse comme un dingue, t'allais pas lui gâcher ses vacances quand même !"
Écrit par : Sar@h à Joye | dimanche, 17 décembre 2006
Écrit par : joye | dimanche, 17 décembre 2006
Quant à tout ce que j'ai dit ci-dessus, cela découle surtout de l'abattement après une réunion où j'ai vu une majorité de parents persuadés de faire le maximum en dépensant beaucoup d'argent. Alors que parfois, simplement parler de ce que fait son enfant en cours, s'y intéresser sans le surcharger de cours et exercices supplémentaires, et ne pas penser qu'être enfermé seul dans sa chambres signifie "travailler", peut permettre à cet enfant de réussir à l'école.
Écrit par : Ed | dimanche, 17 décembre 2006
Je n'ai pu m'empêcher d'acquiescer mille fois à la lecture de ta note et de l'évoquer sur mon blog .
Je suis en charge d'un Club INTERNET et l'addiction à MSN et Internet est un réel problème , souvent sous-estimé , je te l'accorde .
Écrit par : Mme MEMBREY | lundi, 18 décembre 2006
Écrit par : Ed | lundi, 18 décembre 2006
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