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jeudi, 26 avril 2007

PETIT SIGNE DE DESOBEISSANCE SALUTAIRE

J'ai rendez-vous devant le Petit Palais. Je vais visiter une expo : Sargent et Sorolla, Peintres de lumières... La lumière est au rendez-vous. Venue à pied de la Place Clichy (où j'avais eu un bavardage sympa autour d'un café), je me retrouve complètement touriste, oubliant ma dent, mes copies, mes emmerdes... (juste pour citer :-)) En chemin j'ai vu une équipe de télé filmer une femme voilée de noir entrer dans le Crillon. Ce visage qu'on ne voyait pas (je dis une femme, mais en suis-je sûre après tout.) représentait sûrement des quantités de dollars, ou une puissance politique (n'est-ce pas la même chose ?) pour que tout le monde veuille la mettre en boîte. Filmer ce qu'on ne voit pas, n'est-ce pas paradoxal ? Mais là, sur mon banc, je remarque surtout le vide. Il est 13 heures, les gens mangent encore. Contrairement à Londres, Paris ne mélange pas ses musées avec son agitation et sa vie réelle. Ici, tout est artificiel, hors du temps. C'est propre, c'est doré, c'est calme. Les dorures rutilent, la verrière reflète le soleil, tous les gens qui passent portent une casquette, un sac à dos, un appareil photo, un plan, des lunettes de soleil. A ma droite, à 50 mètres j'aperçois les policiers. Le commissariat était déjà là, en 1978, quand je venais au Grand Palais pour mes cours d'allemand et de russe. On se sent en sécurité. Ils sont même aimables quand on leur demande un renseignement. Mais ils ne savent pas plus répondre qu'ailleurs. Où se trouve l'arrêt de bus le plus proche ? Ah, c'est au moins une question rouge... Joker ! J'admire donc le Grand Palais où je n'irai pas aujourd'hui. Symbole d'une époque où les riches et les puissants bâtissaient sans complexes des palais aux signes extérieurs de richesse évidents pendant que le peuple avait faim. Aujourd'hui c'est pareil, mais avec moins d'ostentation. L'ostentatoire est mal vu de nos jours. Me voici donc dans une atmosphère de propreté, de clarté et de richesse, que rien ne semble vouloir troubler. Soulagement furtif quand j'aperçois ce qui est banni, mais témoin d'un moment de relaxation non respectueux du cadre rigide mais admis de tous. Ce détail au milieu des cailloux où aucun brin d'herbe n'ose montrer le bout de son nez, me fait sourire et m'imaginer l'histoire de la personne assise avant moi, il y a déjà longtemps, sur ce banc et qui a laissé sa signature.

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