mardi, 04 juillet 2006
BACOUPASBAC ?
Je suis arrivée un quart d'heure avant l'affichage des résultats et j'ai vu les premiers pleurs, les premiers cris de joie, les mamans inquiètes, d'autres profs comme moi, leur liste et leur crayon à la main, donnant encore et toujours les même conseils pour l'oral. Mais je ne m'y ferai jamais. L'injustice, l'angoisse imposée à des élèves qui ont donné le maximum, à qui on a dit qu'on voyait d'un oeil "très favorable" leur obtention du bac, et qui pourtant, on ne se l'explique pas, ont 56 points à rattraper. Mais il y a aussi celle qui voyant son 4 en philo, demande à sa copine, "t'as tes cours de philo, toi ?" "non". Ou mon élève, que j'aime beaucoup, qui redouble, et qui ne pouvant choisir anglais à l'oral, elle a eu 13, va prendre philo, mais me dit, "candidement, là, il va falloir que je m'achète les livres, et que je retrouve la liste.", et sur ce, me montre une photo de son petit frère né il y a quatre jours, dont elle a déjà 122 photos dans son numérique ! Il y a aussi notre rigolo de service, qui travaille son "décalage" en permanence, s'est inscrit au bac une demi-heure avant le jour et l'heure limite, passe son temps à oublier, s'est retrouvé avec "doit faire ses preuves", mais a obtenu une mention bien... Bref, je sais tout celà, cela revient tous les ans, et pourtant je ne peux me résoudre à être en faveur d'un contrôle continu, qui rendrait les choses encore plus disparates et injustes. Au moins, dans ce lycée de "zep de zus" (comme dirait Anne Roumanoff) où étaient affichés les résultats, une élève qui obtient une mention, ne subit ensuite, aucun soupçon, aucun préjugé, du fait de son lycée d'origine, alors que si ses profs lui avaient donné eux-mêmes le bac, on penserait toujours que c'est "surnoté". Et dans mon lycée où les résultats tournent en général entre 89 et 95 % (tous bacs confondus), on n'oserait pas en recevoir 100%, même quand ce serait mérité.
Alors oui, je suis en faveur de ce bac, épreuve initiatique redoutable, mais la même pour tout le monde.
10:05 Publié dans contradiction | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : enseignement
Commentaires
même pas à moitiée le contrôle continu ?
Écrit par : camille | mardi, 04 juillet 2006
M'en fous : je l'ai moi ! ;-pp
Écrit par : P. | mardi, 04 juillet 2006
Mais ils font quoi les profs avec leur liste ?
Écrit par : max | mardi, 04 juillet 2006
Avec leurs listes, ils vérifient qui l'a et qui l'a pas.
Félicitations P. :))
Camille : Le contrôle continu existe déjà en EPS et pour les TPE, et aussi en partie pour la mention Européenne, cela me semble suffisant.
Écrit par : educnat | mardi, 04 juillet 2006
Je repense à ma pauvre chérie rongée par le stress qui l'a raté de tant de points alors qu'elle a été bonne toute l'année...
Le bac juge très mal les connaissances, enfin, moi ça m'arrange, en tant que débrouillard peu stressé j'ai pu l'avoir aisément !
Et tant pis pour ceux qui sont broyés dans la machine...
Écrit par : fred | mardi, 04 juillet 2006
et ben le fred, en voilà un qu'est sympa et qu'a de la compassion à revendre... Le bac, j'en rêve encore (40 ans après) ; initiatique ou pas initiatique, c'est l'angoisse totale ce truc.
Écrit par : Spleen | mardi, 04 juillet 2006
Chez moi aux Huessah, il est interdit d'afficher publiquement les résultats d'un examen sauf par code d'identité pour protéger les infos qui sont censées rester privées pour l'individu.
Je trouve donc le systo français un peu zarbi et pas mal sadique...
Écrit par : joye | mardi, 04 juillet 2006
D'un côté je suis d'accord avec toi Joye, mais d'un autre côté, le fait que tout le monde découvre les résultats ensemble, permet de réconforter ceux qui ont raté. Hier une de mes élèves a du apprendre le résultat par téléphone portable (quelle plaie, je sais, je me répète) et du coup elle a du venir plus tard et je n'ai pas pu lui parler.
Du temps où j'ai passé mon concours (capes) il n'y avait ni internet, ni minitel, et j'avoue que c'était réconfortant de ne pas attendre toute seule devant une machine.
Quant à l'affichage, il ne reste pas très longtemps dans les centres d'examen, et dans le journal, tout candidat peut demander à ne pas y figurer.
Écrit par : educnat | mardi, 04 juillet 2006
Mais faut bien initier ces petits jeunes a la vie future universitaire composee de series d'exams et non de controles continues, aux concourts d'entree...
Le bac met en jeux d'autres qualites que les controles continus. Par exemple la planification, l'organisation, la prevoyance, la gestion du stress et j'en passe... Ben oui, faut se prendre en main comme un grand.
Et en plus, on en fait tout un foin, mais c'est quand-meme vraiment pas dur d'avoir le bac...
Écrit par : Riep | mardi, 04 juillet 2006
welcome to the competitive world
Écrit par : Lacucurbitacee | mardi, 04 juillet 2006
(je précise qu'il fallait adopter une lecture en partie ironique de mon message, surtout pour la dernière phrase...)
^^
Écrit par : fred | mardi, 04 juillet 2006
ben je ne peux pas être autrement que de ton avis et pour les mêmes raisons.
J'ai eu trop d'élèves qu'on croyait surnoté parce qu'ils échouaient dans d'autres matières que les miennes. Et c'est grâce à des évaluations diagnostiques que j'ai pu prouver qu'ils avaient bien le niveau que je leur donnais.
Le bac est (il est vrai) très injuste parfois mais il reste un moyen de traiter les discriminations pré-fac/écoles...
j'ai bien aimé tes petites anecdotes...
Écrit par : emyandthepeanut | mardi, 04 juillet 2006
Pour conclure, je vous assure que je ne suis pas une adepte de l'élitisme à tout prix, ni de la compétition, le bac pour moi est une épreuve qui comme le dit Riep évalue autre chose que le contrôle continu. Je sais que certaines injustices font mal, mais ne prendre que le contrôle continu en considération, en produirait d'autres encore plus profondes.
Bon en attendant je serai aux résultats jeudi, au cas où il faudrait aider mon élève à trouver une solution.
Écrit par : educnat | mercredi, 05 juillet 2006
@ Riep,
Comme tout examen ou concours, le bac n'a de valeur que quand on ne l'a pas ! Il n'empêche que c'est la clef pour l'enseignement supérieur.
Aujourd'hui avec 80% de réussite, ceux qui ne l'ont pas se sentent quand même en minorité et pas des plus valorisés.
Mardi, j'ai vu pour la dernière fois un élève qui part en Segpa, intelligent mais pas scolaire et accumulant déjà les galères dans la vie. Mes dernières paroles ont été : "Le jour où tu seras en paix avec tes problèmes, tu pourras laisser libre cours à ton intelligence que ce soit à l'Afpa, en stage ou ailleurs." Mais je pense qu'il n'aura pas le bac et pourtant à 11 ans, il a déjà un sacré recul sur la vie que pourrait lui enier bien des adultes ou des philosophes en herbe. Avec lui les débats de classe, type débat philo, ont souvent progressé quand il se décidait à intervenir.
@ Educnat,
Bon courage pour ce soir … Emmenez donc un rouleau d'essuie-tout (dans tout tiroir d'une maîtresse qui se respecte !)… Ce qui est prévu n'arrive jamais !
Écrit par : Sar@h | jeudi, 06 juillet 2006
C'est un peu cela aussi lors des entretiens d'embauche, je crois.. comme quoi la personnalité , le moment compte..
un peu injuste pou les travailleurs de fond de ne pas voir toujours leurs efforts récompensés mais aussi une chance pour les autres de ne pas voir toutes les portes se fermer.
Je suis d'accord avec toi ce n'est pas toujours facile de trouver des voies justes pour tous.
Écrit par : fabie | jeudi, 06 juillet 2006
Moi je suis bien d'accord aussi avec toi. Le bac doit dans son principe rester le même pour tous. Un moment pour faire un bilan de ses études, qu'on soit dans un lycée de banlieue, ou dans un truc de centre ville!
Écrit par : evariste | jeudi, 06 juillet 2006
Sar@h,
Entierement d'accord. J'ai dit que le bac etait utile pour "la vie future universitaire", je pretend pas que le bac soit une mesure de l'intelligence ou quoi que ce soit.
Donc j'ai pas bien compris en quoi ton intervention concernait mes propos...
Peut-etre parce que j'ai dit que le bac etait pas si dur que ca ?
Écrit par : Riep | vendredi, 07 juillet 2006
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